Face à la dégradation de la situation et aux perspectives médiocres, l’idée d’un plan de relance en Corse paraît de plus en plus intéressante.
La Corse étant surtout confrontée à un problème de demande (logements, BTP et consommation), la mise en œuvre d’une politique « contra-cyclique » (politique keynésienne ou assouplissement monétaire) semble tout indiquée pour soutenir la demande intérieure. Donc, dans un monde corso-centré, il n’y a pas photo.
Mais, au-delà du concept, il faut se poser la question de la possibilité de faire quelque chose de spécifique pour l’île. Au niveau budgétaire ou monétaire, les principaux leviers sont détenus soit par l’Etat, qui mène une politique au plan national globalement restrictive (même si le plus gros de la pression budgétaire est derrière nous), soit par la Banque centrale européenne, qui n’a (logiquement) que faire de la Corse. De plus, une relance n’a de sens que si elle est rapidement mise en œuvre avec une taille respectable. Cela limite fortement dans le cas de la Corse les possibilités.
On peut toujours demander des allègements spécifiques de charges ou des mesures de trésorerie pour les entreprises mais elles seront limitées vu les mesures déjà actées (CICE, allègements post-SNCM). De toute façon, l’effet de relance de ces mesures reste limité car les sommes ainsi injectées sont stockées (afin de rétablir la santé financière) plutôt que dépensées en investissement ou en embauches. Une relance de la construction privée avec une mesure fiscale "type Scellier" n'est pas souhaitable car cela conduirait à différer la crise plutôt qu'à la combattre.
Compte tenu des compétences de la CTC ou des collectivités locales, la seule relance locale intelligente ne peut provenir que de l’investissement public en BTP. Dans un monde idéal, une accélération de la construction de logements sociaux et des travaux d’infrastructures ferait l’affaire (relance de la construction puis diffusion au reste de l’économie). Elle pourrait avoir une taille respectable en s’associant CTC, départements et grandes agglomérations.
Mais, il y a loin de la coupe aux lèvres. Du côté du logement social, le niveau de construction est famélique en Corse. Accélérer pas grand-chose ne donnera pas grand-chose. De plus, les contraintes de foncier, de marché public et de délai de mise en chantier ne permettront pas d’agir rapidement pour lancer plus de logements.
Sur le plan de l’investissement en travaux public, il y a peut être plus de possibilité, notamment en accélérant les travaux liés à la fin du PEI. Mais, comme nous l’avons déjà souligné à de nombreuses reprises, la CTC et les grandes collectivités de l’île se trouvent confrontée à la nécessité de revoir à la baisse leurs interventions (effet ciseaux entre hausse des dépenses et baisse des dotations).
Accélérer les investissements est donc toujours possible mais devient budgétairement compliqué. D’ailleurs, le lecteur intéressé pourra relire avec intérêt ce texte de corse-économie de fin 2008 qui alertait déjà sur ce point : «A quoi sert la politique économique en temps de crise ? ».
Mais, il y a un autre problème sur une relance par les collectivités locales, celui du retour sur investissement. La CTC n’a quasiment pas de ressources budgétaires tirées de la croissance économique. Ainsi, si la CTC relance avec succès, elle creusera son déficit sans espoir de regagner un peu de marges une fois la croissance revenue. Contrairement à l’Etat, elle ne pourra pas bénéficier de l’augmentation des recettes sur la consommation (TVA) ou le revenu des agents (ménages ou entreprises). Après la relance, la CTC se verrait obligée de couper violemment dans les investissements, risquant de casser la reprise.
Enfin, il faut aussi se poser la question de l’impact de la relance. Le PEI et les travaux menés sur les années 2000 se sont bien traduits par plus d’emplois entre 2000 et 2007 mais depuis 2007 ils stagnent. De plus, le niveau (moins de 1 000 emplois fin 2013 dans les travaux publics) est relativement faible comparé à celui de l’ensemble de la construction (près de 12 000 salariés). Le faible poids, la présence d’intervenants extérieurs et les importations nécessaires (acier, béton…) viendront en réduction de l’effet relance.
Au final, l’on est actuellement dans une impasse qui ne permet pas d’envisager une politique de relance locale. En l'état actuel des choses, il vaut mieux se contenter de mesures limitées autour du PEI et du logement social sans viser de plan d’investissement massif.
Sortir de l’impasse passe par une réflexion sur une réforme fiscale et par une réflexion sur une redynamisation de la croissance potentielle débouchant sur une refonte plutôt que sur une relance.
La Corse étant surtout confrontée à un problème de demande (logements, BTP et consommation), la mise en œuvre d’une politique « contra-cyclique » (politique keynésienne ou assouplissement monétaire) semble tout indiquée pour soutenir la demande intérieure. Donc, dans un monde corso-centré, il n’y a pas photo.
Mais, au-delà du concept, il faut se poser la question de la possibilité de faire quelque chose de spécifique pour l’île. Au niveau budgétaire ou monétaire, les principaux leviers sont détenus soit par l’Etat, qui mène une politique au plan national globalement restrictive (même si le plus gros de la pression budgétaire est derrière nous), soit par la Banque centrale européenne, qui n’a (logiquement) que faire de la Corse. De plus, une relance n’a de sens que si elle est rapidement mise en œuvre avec une taille respectable. Cela limite fortement dans le cas de la Corse les possibilités.
On peut toujours demander des allègements spécifiques de charges ou des mesures de trésorerie pour les entreprises mais elles seront limitées vu les mesures déjà actées (CICE, allègements post-SNCM). De toute façon, l’effet de relance de ces mesures reste limité car les sommes ainsi injectées sont stockées (afin de rétablir la santé financière) plutôt que dépensées en investissement ou en embauches. Une relance de la construction privée avec une mesure fiscale "type Scellier" n'est pas souhaitable car cela conduirait à différer la crise plutôt qu'à la combattre.
Compte tenu des compétences de la CTC ou des collectivités locales, la seule relance locale intelligente ne peut provenir que de l’investissement public en BTP. Dans un monde idéal, une accélération de la construction de logements sociaux et des travaux d’infrastructures ferait l’affaire (relance de la construction puis diffusion au reste de l’économie). Elle pourrait avoir une taille respectable en s’associant CTC, départements et grandes agglomérations.
Mais, il y a loin de la coupe aux lèvres. Du côté du logement social, le niveau de construction est famélique en Corse. Accélérer pas grand-chose ne donnera pas grand-chose. De plus, les contraintes de foncier, de marché public et de délai de mise en chantier ne permettront pas d’agir rapidement pour lancer plus de logements.
Sur le plan de l’investissement en travaux public, il y a peut être plus de possibilité, notamment en accélérant les travaux liés à la fin du PEI. Mais, comme nous l’avons déjà souligné à de nombreuses reprises, la CTC et les grandes collectivités de l’île se trouvent confrontée à la nécessité de revoir à la baisse leurs interventions (effet ciseaux entre hausse des dépenses et baisse des dotations).
Accélérer les investissements est donc toujours possible mais devient budgétairement compliqué. D’ailleurs, le lecteur intéressé pourra relire avec intérêt ce texte de corse-économie de fin 2008 qui alertait déjà sur ce point : «A quoi sert la politique économique en temps de crise ? ».
Mais, il y a un autre problème sur une relance par les collectivités locales, celui du retour sur investissement. La CTC n’a quasiment pas de ressources budgétaires tirées de la croissance économique. Ainsi, si la CTC relance avec succès, elle creusera son déficit sans espoir de regagner un peu de marges une fois la croissance revenue. Contrairement à l’Etat, elle ne pourra pas bénéficier de l’augmentation des recettes sur la consommation (TVA) ou le revenu des agents (ménages ou entreprises). Après la relance, la CTC se verrait obligée de couper violemment dans les investissements, risquant de casser la reprise.
Enfin, il faut aussi se poser la question de l’impact de la relance. Le PEI et les travaux menés sur les années 2000 se sont bien traduits par plus d’emplois entre 2000 et 2007 mais depuis 2007 ils stagnent. De plus, le niveau (moins de 1 000 emplois fin 2013 dans les travaux publics) est relativement faible comparé à celui de l’ensemble de la construction (près de 12 000 salariés). Le faible poids, la présence d’intervenants extérieurs et les importations nécessaires (acier, béton…) viendront en réduction de l’effet relance.
Au final, l’on est actuellement dans une impasse qui ne permet pas d’envisager une politique de relance locale. En l'état actuel des choses, il vaut mieux se contenter de mesures limitées autour du PEI et du logement social sans viser de plan d’investissement massif.
Sortir de l’impasse passe par une réflexion sur une réforme fiscale et par une réflexion sur une redynamisation de la croissance potentielle débouchant sur une refonte plutôt que sur une relance.