Nadine Levratto fut l’invitée de Cuntrastu le week-end dernier (voir la vidéo).
Economiste et chercheur CNRS, Mme Levratto a publié il y a quelques années aux éditions Albiana un très bon essai économique sur la Corse : Y a-t-il une vie
après la rente ?.
Sur le fond, il y a clairement un consensus sur le constat et les principales analyses, à la fois dans le livre et dans l’émission. Bien évidemment, il y a aussi des points sur lesquels on peut plus discuter.
Notamment, je ne suis pas certain que l’on puisse négliger l’effet d’éviction du secteur public sur le secteur privé en Corse. Par exemple, l’attractivité de l’emploi public a nécessairement des répercussions dans le secteur privé - rémunération moyenne des cadres B et A plus élevée que celles des postes correspondants du secteur privé (cadres et employés qualifiés) – tirant les salaires du privé à la hausse (pour aligner ou recruter à l’extérieur de la Corse).
D’ailleurs dans les services – où l’effet d’entraînement sur les salaires joue le plus, la construction ou l’industrie ayant une cible de main d’oeuvre très différente –, le niveau de salaire en Corse est très proche de la moyenne province.
Ce qui nous amène à la question des répercussions du Pacte de Compétitivité en Corse. En prenant en compte que les charges patronale seront réduites de 6 % sur les salaires de 1 à 2,5 SMIC, les allègements prévus représenteraient environ 40 millions d’euros pour les entreprises corses. 90 % des postes de salarié en Corse seront concernés par cette mesure.
Compte tenu de la structure sectorielle de l’emploi et de la rémunération, le premier bénéficiaire en montant serait le secteur de la distribution, suivi par la construction puis par les hôtels et restaurants et enfin le secteur des transports. Le faible poids de l’industrie se voit bien dans le graphique ci-dessus.
En dehors de l’hôtellerie-restauration, de la SNCM et (dans une moindre mesure) de Air Corsica, en concurrence avec d’autres marchés méditerranéens ou opérateurs de transport, la mesure aura surtout pour effet en Corse de favoriser des secteurs peu exposés à la concurrence extérieure. Ainsi, l’effet sur les créations d’emplois ou les hausses de salaires pourrait être plus important.
Toutefois, il faut aussi tenir compte du fait que dans les entreprises corses le poids des rémunérations dans la VA (part de la valeur ajoutée revenant aux salariés) est plus lourd qu’au niveau national.
A inclure aussi dans l’équation, les hausses de TVA en 2014 (France : 7 à 10 % pour le taux intermédiaire ; 19,6 à 20 % pour le taux normal) qui impacteront plus la construction et l’hôtellerie-restauration que les autres secteurs. La distribution pourrait même en profiter (taux réduit passant de 5,5 % à 5 %).
L’incertitude est totale concernant la façon dont ces secteurs répercuteront ces changements (les spécificités corses seront-elles adaptées/maintenues/supprimées ? Baisse de prix grâce à la baisse des coûts ?).
Au final, c’est un encore un peu tôt pour évaluer comment cela va se traduire dans l’emploi ou les salaires.
Economiste et chercheur CNRS, Mme Levratto a publié il y a quelques années aux éditions Albiana un très bon essai économique sur la Corse : Y a-t-il une vie
après la rente ?.
Sur le fond, il y a clairement un consensus sur le constat et les principales analyses, à la fois dans le livre et dans l’émission. Bien évidemment, il y a aussi des points sur lesquels on peut plus discuter.
Notamment, je ne suis pas certain que l’on puisse négliger l’effet d’éviction du secteur public sur le secteur privé en Corse. Par exemple, l’attractivité de l’emploi public a nécessairement des répercussions dans le secteur privé - rémunération moyenne des cadres B et A plus élevée que celles des postes correspondants du secteur privé (cadres et employés qualifiés) – tirant les salaires du privé à la hausse (pour aligner ou recruter à l’extérieur de la Corse).
D’ailleurs dans les services – où l’effet d’entraînement sur les salaires joue le plus, la construction ou l’industrie ayant une cible de main d’oeuvre très différente –, le niveau de salaire en Corse est très proche de la moyenne province.
Ce qui nous amène à la question des répercussions du Pacte de Compétitivité en Corse. En prenant en compte que les charges patronale seront réduites de 6 % sur les salaires de 1 à 2,5 SMIC, les allègements prévus représenteraient environ 40 millions d’euros pour les entreprises corses. 90 % des postes de salarié en Corse seront concernés par cette mesure.
Compte tenu de la structure sectorielle de l’emploi et de la rémunération, le premier bénéficiaire en montant serait le secteur de la distribution, suivi par la construction puis par les hôtels et restaurants et enfin le secteur des transports. Le faible poids de l’industrie se voit bien dans le graphique ci-dessus.
En dehors de l’hôtellerie-restauration, de la SNCM et (dans une moindre mesure) de Air Corsica, en concurrence avec d’autres marchés méditerranéens ou opérateurs de transport, la mesure aura surtout pour effet en Corse de favoriser des secteurs peu exposés à la concurrence extérieure. Ainsi, l’effet sur les créations d’emplois ou les hausses de salaires pourrait être plus important.
Toutefois, il faut aussi tenir compte du fait que dans les entreprises corses le poids des rémunérations dans la VA (part de la valeur ajoutée revenant aux salariés) est plus lourd qu’au niveau national.
A inclure aussi dans l’équation, les hausses de TVA en 2014 (France : 7 à 10 % pour le taux intermédiaire ; 19,6 à 20 % pour le taux normal) qui impacteront plus la construction et l’hôtellerie-restauration que les autres secteurs. La distribution pourrait même en profiter (taux réduit passant de 5,5 % à 5 %).
L’incertitude est totale concernant la façon dont ces secteurs répercuteront ces changements (les spécificités corses seront-elles adaptées/maintenues/supprimées ? Baisse de prix grâce à la baisse des coûts ?).
Au final, c’est un encore un peu tôt pour évaluer comment cela va se traduire dans l’emploi ou les salaires.