Emploi dans le secteur public en Corse


Le secteur public reste le premier employeur de l’île mais sa place s’effrite progressivement. Les embauches des collectivités locales ont pu compenser la diminution de nombre de fonctionnaires d’État, ce qui ne pourra être maintenu à l’avenir.



Entre fin 2002 et fin 2008, l’emploi dans le secteur public en Corse dans son ensemble est passé de 34 500 à 36 600 personnes, soit une hausse de près de 5,9 %. Cette hausse est nettement inférieure à celle de l’emploi salarié total en Corse sur la même période (+14,1 %). Le dynamisme de l’emploi dans le privé a ainsi été le principal contributeur à la croissance du marché du travail en Corse.

Il n’en reste pas moins que le poids du secteur public en Corse reste prédominant, avec 37,3 % de l’emploi salarié fin 2008 contre 31,3 % au niveau national. Toutefois, il s’est effrité depuis 10 ans, avec en 2000 41,1 % de l’emploi total et 39,3 % en 2005. L’emploi public a progressé lentement, avec +1 % par an en moyenne depuis 2002 contre +2½ % pour le privé.

Les dernières années ont été le théâtre d’une profonde divergence entre les différentes fonctions publiques. D’une part, le nombre de fonctionnaires d’État a reculé de 4,5 % en Corse entre 2002 et 2007 avec perte de près de 600 postes. D’autre part, les collectivités locales ont massivement embauchées en Corse : +15,9 % entre 2002 et 2008, soit environ 1 500 postes en plus. La progression est concentrée surtout en 2007 et 2008 et dans la CTC, les départements (+940 emplois) et les communautés de communes et autres structures multi-communes (+455 emplois).

Ces hausses sont liées en partie (difficile d’être précis) aux transferts de l’État et à la montée de charge des structures multi-communales. Ainsi, sur les dernières années, le dynamisme des embauches dans les administrations locales en Corse a plus que compensé le recul du côté de la fonction publique d’État.

Or, ce mouvement de compensation est désormais en voie d’extinction. Premièrement, les transferts de fonctionnaires entre l’État et la CTC ou les départements sont arrivés à leur terme. Deuxièmement, la pression sur les finances publiques ainsi que les choix politiques actuelles plaident pour le maintien d’une réduction graduelle des effectifs de l’État. Enfin, en raison des pressions importantes sur les finances publiques en Corse, les collectivités locales qui ont beaucoup embauché (CTC + conseil généraux + communautés de communes) ne seront plus en mesure de conserver un tel niveau de recrutement.

Ceci a des implications fortes pour l’économie corse à moyen terme. Notamment, la fonction publique constitue l’un des secteurs les plus généreux de l’île en termes de rémunérations moyennes, surtout pour les fonctionnaires classe A et B. La réduction des effectifs dans ses tranches aura un impact négatif sur le salaire moyen par emploi et donc sur la consommation des ménages.

Lundi 12 Avril 2010
Guillaume Guidoni