Évaluation des dépenses touristiques en 2009


Une dépense totale estimée en nette hausse par rapport à 2008
Nous avions évoqué le manque d’informations sur le niveau de dépenses touristiques. Voyons les dépenses par touriste, à la fois en hébergement et hors hébergement...



Une dépense totale estimé en nette hausse par rapport à 2008

Nous avions évoqué le manque d’informations sur le niveau de dépenses touristiques. En fait, à travers la lecture des données de l’ATC (enquête lourde) publiées récemment pour la saison 2009 (avril-octobre), il nous avait échappé une partie concernant les dépenses par touriste, à la fois en hébergement et hors hébergement.

Ces données montrent qu’en 2009, la dépense touristique était très variable suivant le type d’hébergement sur place. En effet, un touriste logé à l’hôtel dépensera en moyenne 135 € par jour, dont 45 € pour des dépenses sur place hors logement. A l’opposé du spectre de dépense se trouve le touriste logé en résidence secondaire, dont la dépense journalière ne sera que de 23 €, uniquement hors logement (car il possède son logement), soit 82 % de moins par rapport à l’hôtel.

En fait, comme le montre le graphique ci-dessus, la dépense moyenne est très supérieure dans l’hôtellerie. De façon plus générale, l’hébergement marchand écrase le non marchand (résidence secondaire ou famille/amis) et dans une moindre mesure le camping. On note d’ailleurs la bonne performance du tourisme vert. Toutefois, en ne considérant que les dépenses hors logement, la situation est plus étale. L’hôtellerie conserve les touristes les plus dépensiers, la résidence touristique se tient bien (environ 34 €/jour) et le reste est entre 23 et 28 €/jour.

Au total, 1,9 milliards d’euros de dépense touristique en hausse de 9 %

En croisant ces données avec le nombre de nuitées par type d’hébergement, on trouve que la dépense totale en dehors des frais de transport peut être évaluée à 1 915 millions d’euros (M€). Le même calcul pour 2008 donne 1 754 M€. En conclusion, les sommes dépensées par les touristes ont progressé de 9 % sur la saison 2009. Sur ce total, 1 125 Me vont à l’hébergement et 791 Me aux autres dépenses.

Sur avril-octobre, le nombre total de nuitées progressait aussi de 9 %. Bref, le revenu par tête a quasiment stagné, mais la hausse de la fréquentation a permis au secteur touristique d’augmenter son chiffre. Un bilan donc positif au global.


Le graphique ci-contre montre le niveau en M€ de dépenses générées par type de logement. On voit que la location (en direct ou vie agence) et l’hôtellerie dominent les dépenses totales (environ 500 M€ et 400 M€). Viennent ensuite les autres hébergements marchands. En lanterne rouge de la dépense se trouvent les résidences secondaires (logique car pas de dépenses d’hébergement) qui avec 29 % du total des nuitées ne génèrent qu’une dépense de 200 M€, soit à peine la moitié de ce qu’arrive à faire l’hôtellerie avec seulement 10 % des nuitées.

La spécialisation croissante de la Corse dans un hébergement non marchand est destructrice de retombées économiques pour l’île. D’un côté aucune dépense n’est générée par un séjour dans ce type d’hébergement (donc pas d’emploi et de valeur ajoutée produite) et d’un autre côté, les touristes y séjournant sont aussi les moins dépensiers hors logement.

Actuellement, au vu de la structure des dépenses par tête, la maximisation des retombées économiques des flux touristiques passe par une fréquentation dynamique dans l’hôtellerie, les résidences hôtelières et le tourisme vert. D’ailleurs, l’importance de la dépense moyenne dans ce dernier secteur est particulièrement intéressante si l’on pense au tourisme vert comme à une activité secondaire en secteur rural, permettant de dynamiser les revenus des agriculteurs. Reste à convaincre ces derniers de s’engager une démarche d’agri-tourisme.

Attention toutefois, il ne s’agit que d’une estimation

Actuellement les données récoltées nous semblent insuffisamment précises, car uniquement basées sur une enquête dont ce n’est pas l’objectif premier. En l’absence d’une évaluation précise des dépenses des touristes qui passerait par un croisement des données « réelles » - par exemple transactions par cartes bancaires non domiciliées en Corse – avec une enquête spécifique « dépenses » auprès des touristes et des professionnels, ce sont plus les ordres de grandeur qu’il faut retenir ( M€ de dépenses totales, M€ de dépenses hors logement et une augmentation proche de 10 %).

De plus, il faut aussi savoir quel est la part de biens importés dans les dépenses touristiques, préciser les dépenses imputables aux résidents (qui vont aussi au restaurant…), ou encore les dépenses des collectivités imputables à l’activité touristiques pour en déduire au final l’impact net sur la richesse produite par le secteur en Corse.

Lundi 31 Mai 2010
Guillaume Guidoni