L’évolution de la valeur ajoutée depuis 1990




Sur près de 20 ans, une structure économique qui évolue peu

En considérant la valeur ajoutée (VA) en valeur, c'est-à-dire non corrigée de l’évolution des prix, entre 1990 et 2008, la part relative des différents secteurs à peu évolué en Corse. Il y a eu des fluctuations mais les grands ensembles restent très proches. Comme en 1990, l’économie corse est caractérisée en 2008 par une place des services très largement dominante (81,4 % de la VA produite en 2008, contre 80,3 % en 1990), avec un secteur public important (28,9 % en 2008 contre 27,4 %). Sur cette période, la VA produite en Corse a augmenté de 3,6 milliards €, soit une hausse de 118 % (soit +4 % par an en moyenne de croissance nominale, c’est-à-dire en incluant l’inflation).

Au sein des différents secteurs sur les 20 dernières années, on ne distingue qu’un seul perdant évident, l’agriculture. Ce secteur à vu sa valeur ajoutée produite diminuer entre 1990 et 2008 (perte de plus de 9 millions €, soit 8,9 % de recul), ce qui est très négatif vu que ceci inclut l’effet inflation. Les autres secteurs sont tous en hausse, avec par ordre d’importance de contribution : le secteur public (+1 000 M€), les activités financières et immobilières (+600 M€) puis entre 400 et 500 M€ la construction, le commerce et les services aux entreprises. A noter que les services aux particuliers (tourisme) ont créé près de 2 fois moins de valeur que l’immobilier !

Repli de la place du secteur public depuis 2000

En décomposant la période 1990-2008 (cf. graphique ci-contre), l’on s’aperçoit que les fluctuations ont été plus marquées que ne le laisse penser la comparaison entre les photos de début et de fin. Ces fluctuations sont principalement imputables à la construction dans le sens négatif entre 1990 et 2000 puis positif depuis 2000 et à l’inverse le secteur public.

Nous avons déjà souligné l’importance de la récession du début des années 1990 et la longue crise immobilière qui a eu lieu durant cette même décennie. L’impact a été très violent sur le secteur de la construction, dont la part de la VA est passée sous les 7 % en 2000, alors qu’elle était à 9,4 % en 1990. Durant ces années difficiles, le secteur public a amorti la crise en croissance de manière importante. Toutefois, depuis 2000, c’est l’inverse qui se produit. La part du service public est ainsi redescendue à sous les 29 % de la VA en 2008, alors qu’elle atteignait le tiers de la VA produite en 2000. Il faut souligner cette évolution, qui montre que la croissance de l’économie corse depuis 2000 est en premier lieu celle du secteur privé, à la différence de celle des années 90.


Une comparaison avec d’autres îles

Au niveau du groupe de comparaison, l’économie corse se caractérise surtout par une part importante du secteur public dans la VA, ce malgré la baisse de ces dernières années. La Sardaigne vient ensuite avec environ 27 % de sa VA dans ce secteur. A noter que le graphique ci-contre date un peu (données 2006) mais que les écarts n’ont pas significativement changé jusqu’en 2008. En fait, partout la part du secteur public dans la VA a eu tendance à reculer en lien avec la croissance du secteur de la construction. D’ailleurs le poids de ce dernier est particulièrement élevé (supérieur à 10 % de la VA) dans les îles espagnoles, en Islande et Corse. Mais, nous attirons l’attention du lecteur que l’année 2009 a été une année de dépression économique pour cette activité économique dans toutes les zones et de récession modérée en Corse ainsi que vraisemblablement en Sardaigne. Ainsi la part de la VA produite à cet endroit va fortement chuter dès 2009 dans les autres îles. Enfin, il faut noter le poids très faible des activités industrielles en Corse, situation seulement partagée avec les îles espagnoles.

Jeudi 18 Février 2010
Guillaume Guidoni