La Corse importe de Sardaigne 2 à 3 fois plus qu’elle n’exporte
La continuité territoriale, en privilégiant les liaisons Corse-continent français, conduit les entreprises corses à se tourner prioritairement vers le marché hexagonal pour écouler la production exportée. Les trafics de fret privilégient l’axe Corse-Marseille et, dans une moindre mesure Corse-Toulon (Nice pour le ciment).
Si l’on considère le seul port de Bastia (leader pour les marchandises en Corse), le trafic de fret avec l’Italie ne représente que 12 % des mètres linéaires transportés. Plus frappant, les flux de marchandises avec la Sardaigne sont faibles, en tout cas dans le sens de l’exportation. En effet, selon Eurostat (attention ces données présentent des écarts avec les informations de la CCI, toutefois les ordres de grandeurs restent identiques), le trafic de fret en tonnes entrant dans les ports de Porto-Vecchio, Propiano et Bonifacio a représenté 310 000 tonnes en 2006, alors que les sorties n’étaient que de 120 000 tonnes. En corrigeant du trafic avec le continent français, l’écart import/export reste toujours massif. La Corse importe entre 2 à 3 fois plus qu’elle n’exporte avec sa plus proche voisine.
La continuité territoriale, en privilégiant les liaisons Corse-continent français, conduit les entreprises corses à se tourner prioritairement vers le marché hexagonal pour écouler la production exportée. Les trafics de fret privilégient l’axe Corse-Marseille et, dans une moindre mesure Corse-Toulon (Nice pour le ciment).
Si l’on considère le seul port de Bastia (leader pour les marchandises en Corse), le trafic de fret avec l’Italie ne représente que 12 % des mètres linéaires transportés. Plus frappant, les flux de marchandises avec la Sardaigne sont faibles, en tout cas dans le sens de l’exportation. En effet, selon Eurostat (attention ces données présentent des écarts avec les informations de la CCI, toutefois les ordres de grandeurs restent identiques), le trafic de fret en tonnes entrant dans les ports de Porto-Vecchio, Propiano et Bonifacio a représenté 310 000 tonnes en 2006, alors que les sorties n’étaient que de 120 000 tonnes. En corrigeant du trafic avec le continent français, l’écart import/export reste toujours massif. La Corse importe entre 2 à 3 fois plus qu’elle n’exporte avec sa plus proche voisine.
La Sardaigne : une économie grosse comme trois fois la Corse
Or, la Sardaigne est un marché particulièrement intéressant pour les entreprises de l’île. Premièrement, la Sardaigne compte 1,67 millions d’habitants (600 000 emplois, 6 fois le marché du travail corse). Le revenu moyen sarde est certes inférieur à celui de la Corse, avec un revenu disponible moyen de 12 000 € par habitant contre près de 16 000 chez nous. Mais la masse de population fait que les dépenses de consommation des ménages représentent 21,5 milliards d’euros dans l’île italienne, soit 5 fois plus qu’en Corse (environ 4 milliards). Ainsi, pour les entreprises corses qui visent à produire des produits alimentaires ou des biens de consommation, le marché sarde par sa proximité et son importance pourrait permettre d’augmenter le niveau de production avant même de s’attaquer au marché français (ou en complément).
Ensuite, la taille de l’économie sarde est très nettement supérieure à celle de l’île. Avec un PIB de près de 33,5 milliards d’euros en 2007, la Sardaigne dépasse largement la Corse, qui n’atteint que 7 milliards d’euros. Cette économie a l’avantage de disposer d’une base industrielle bien plus importante. En effet, 14 % de la valeur ajoutée est produite par l’industrie et 7 % par la construction contre respectivement 6 % et 10 % en Corse. Ceci couplé au fait que les services marchands représentent 50 % de l’économie, le marché pour les entreprises corses paraît aussi très intéressant.
En outre, l’amélioration des liens commerciaux entre les deux îles pourrait avoir un impact non négligeable sur les prix en Corse. On ne dispose pas ici de comparaison chiffrée entre les deux régions. Toutefois, si les hommes et les marchandises pouvaient circuler plus facilement, l’élargissement des marchés accessibles aux entreprises corses (donc des économies d’échelle) ainsi que l’arrivée d’entreprises sardes (plus de concurrence sur l’île), tireraient vers le bas le niveau de prix, au profit du consommateur (diminution des rentes d’oligopole).
Partir à l’assaut du marché sarde ou subir la concurrence ?
Bien évidemment, si l’on choisit de renforcer les liens commerciaux entre les deux îles, il faudra préparer le tissu économique corse au choc. Une ouverture trop rapide pourrait générer des tensions au plan local. Les écarts de prix, de taxes et de salaires sont défavorables aux entreprises corses. Toutefois, le marché sarde présente pour la Corse un potentiel bien trop important pour faire l’impasse dessus. Ainsi, il convient que les politiques publiques et les organisations consulaires se saisissent de cette question pour informer, former et – éventuellement– aider les exportateurs (de biens ET de services).
Car, ne l’oublions pas, les entreprises sardes sont déjà en train de s’implanter progressivement en Corse, partant de l’extrême sud. En fait, si la Corse ne joue pas l’ouverture, l’inverse est loin d’être vrai, comme le montre les flux de marchandises. La question que doivent donc se poser les entreprises et les pouvoirs publics est donc finalement assez simple : profiter ou subir la situation ?
Or, la Sardaigne est un marché particulièrement intéressant pour les entreprises de l’île. Premièrement, la Sardaigne compte 1,67 millions d’habitants (600 000 emplois, 6 fois le marché du travail corse). Le revenu moyen sarde est certes inférieur à celui de la Corse, avec un revenu disponible moyen de 12 000 € par habitant contre près de 16 000 chez nous. Mais la masse de population fait que les dépenses de consommation des ménages représentent 21,5 milliards d’euros dans l’île italienne, soit 5 fois plus qu’en Corse (environ 4 milliards). Ainsi, pour les entreprises corses qui visent à produire des produits alimentaires ou des biens de consommation, le marché sarde par sa proximité et son importance pourrait permettre d’augmenter le niveau de production avant même de s’attaquer au marché français (ou en complément).
Ensuite, la taille de l’économie sarde est très nettement supérieure à celle de l’île. Avec un PIB de près de 33,5 milliards d’euros en 2007, la Sardaigne dépasse largement la Corse, qui n’atteint que 7 milliards d’euros. Cette économie a l’avantage de disposer d’une base industrielle bien plus importante. En effet, 14 % de la valeur ajoutée est produite par l’industrie et 7 % par la construction contre respectivement 6 % et 10 % en Corse. Ceci couplé au fait que les services marchands représentent 50 % de l’économie, le marché pour les entreprises corses paraît aussi très intéressant.
En outre, l’amélioration des liens commerciaux entre les deux îles pourrait avoir un impact non négligeable sur les prix en Corse. On ne dispose pas ici de comparaison chiffrée entre les deux régions. Toutefois, si les hommes et les marchandises pouvaient circuler plus facilement, l’élargissement des marchés accessibles aux entreprises corses (donc des économies d’échelle) ainsi que l’arrivée d’entreprises sardes (plus de concurrence sur l’île), tireraient vers le bas le niveau de prix, au profit du consommateur (diminution des rentes d’oligopole).
Partir à l’assaut du marché sarde ou subir la concurrence ?
Bien évidemment, si l’on choisit de renforcer les liens commerciaux entre les deux îles, il faudra préparer le tissu économique corse au choc. Une ouverture trop rapide pourrait générer des tensions au plan local. Les écarts de prix, de taxes et de salaires sont défavorables aux entreprises corses. Toutefois, le marché sarde présente pour la Corse un potentiel bien trop important pour faire l’impasse dessus. Ainsi, il convient que les politiques publiques et les organisations consulaires se saisissent de cette question pour informer, former et – éventuellement– aider les exportateurs (de biens ET de services).
Car, ne l’oublions pas, les entreprises sardes sont déjà en train de s’implanter progressivement en Corse, partant de l’extrême sud. En fait, si la Corse ne joue pas l’ouverture, l’inverse est loin d’être vrai, comme le montre les flux de marchandises. La question que doivent donc se poser les entreprises et les pouvoirs publics est donc finalement assez simple : profiter ou subir la situation ?