La population de la Corse depuis 1800




En 2007, la population corse revient à ce qu’elle était en 1901

Avec près de 300 000 habitants en 2007, la Corse retrouve son niveau de population du début des années 1900.

Comme illustré par le graphique suivant, la population corse a connu depuis 1800 globalement quatre phases :
- la croissance régulière et principalement alimentée par le solde naturel tout au long du 19e siècle ;
- globalement une stagnation de 1900 jusqu’avant la seconde Guerre mondiale, avec un petit choc dans les années 1920, avec une natalité qui reste dynamique mais un début d’émigration ;
- une émigration rapide et importante de la population qui dépasse largement les effets positifs du baby boom (on corrige ici du choc temporaire lié à l’arrivée de Pieds-noirs et l’effet des recensements truqués) ;
- depuis les années 80, une reprise de la dynamique migratoire mais liée à l’immigration, le solde naturel tombant rapidement à zéro.

Les années 40 à 70, les décennies d’émigration…

Le lecteur attentif notera que les recensements entre 1936 et 1975 sont marqués par de grosses incohérences. D’une part, les données ont été manipulées, d’où la chute entre 1975 et 1982. D’autre part, l’arrivée des rapatriés d’Algérie a provoqué un choc temporaire durant les années 60. Enfin, en 1946, une partie des jeunes hommes était encore dans l’armée. En fait, si l’on exclut ces trois points, il conviendrait mieux de considérer que la population de l’île a fortement reculé durant les décennies 50 à 70 (avec une immigration maximale dans les années 60). La stabilisation démographique a dû s’enclencher qu’à la fin des années 70.

En fait, la saignée démographique de ces années perdues a toujours un impact très fort en termes démographiques. En effet, si le solde naturel est aujourd’hui si faible c’est en partie parce que les bébés nés dans les années 60-70 sont ceux qui font des enfants au cours des années 1990 et 2000. Or, en Corse, les parents de ces bébés là sont partis sur le Continent et y ont eu leurs enfants.


b[… mais les prémices s’observent dès le début du siècle]

Il faut toutefois noter que les premiers effets de l’immigration sont visibles avec la stagnation entre 1900 et 1940. D’ailleurs il faut noter que si le Grande Guerre a bien eu un impact démographique, elle est loin d’avoir vidée l’île de sa population.

Les années perdues particulièrement difficile en Haute-Corse

Au niveau des départements, la Haute-Corse a souffert nettement plus que la Corse-du-Sud sur le plan de la population. D’ailleurs, le nord de l’île n’a toujours pas retrouvé sa population de 1900 alors que le sud a réussi à se maintenir sur un niveau proche, y compris durant les années perdues.

Le début du 21e siècle marqué par une dynamique démographique exceptionnelle

Enfin, le graphique ci-dessus (on corrige ici du choc temporaire lié à l’arrivé de Pieds-noirs et l’effet des recensements truqués) montre que la Corse n’a jamais connu depuis plus de 200 ans une augmentation aussi forte de sa population. Avec une hausse de près de 1,9 % en rythme annuel depuis 2000, on dépasse largement les niveaux du 19e siècle. Toutefois, à l’époque il s’agissait d’une progression endogène, contre migratoire depuis 2000. De plus, la hausse de la population corse dans les années 2000 est trois fois plus rapide que durant les deux décennies précédentes (environ +0,5 % en rythme annuel moyen).

Jeudi 14 Janvier 2010
Guillaume Guidoni