Depuis quelques mois, les principales statistiques disponibles sur l’économie corse pointent globalement vers la même direction : une reprise économique se met en place avec le réveil de la plupart des secteurs qui avaient beaucoup soufferts en 2008 et 2009.
Ainsi, après une très mauvaise année 2009, on a vu les dépenses de consommation dans les grandes enseignes de l’île repartirent à la hausse dès le début de l’année. Ce n’est pas neutre, car le secteur de la distribution est un grand pourvoyeur d’emploi. De même, les mises en chantier se reprennent depuis la fin du printemps, là encore après 2 années calamiteuses. A ces deux éléments vient se rajouter une saison touristique qui en termes de flux semble plutôt correcte, même si l’impact économique paraît lui plus limité. En somme, les grands moteurs économiques de l’île ont repris le chemin de la croissance, poussive mais réelle.
Ceci s’est traduit par des créations d’emploi dans le secteur privé, bien plus vite que l’on ne pouvait l’anticiper il y a quelques mois. Ainsi, sur l’ensemble du premier semestre 2010, l’emploi salarié dans le secteur privé en Corse a progressé de 1,7 % par rapport à fin 2009, soit un retour au dynamisme d’avant-crise. Le taux de chômage a lui reculé à 9 % de la population active, premier mouvement de recul depuis mi-2008.
Globalement, les signes de reprise sont convaincants. Cela ne veut pas dire que tous les problèmes soient effacés, ni que les perspectives soient complètement dégagées. D’une part, parce que l’économie mondiale rentre dans une phase de fort ralentissement économique, avec même des craintes de retour à la récession pour la principale économie mondiale, à savoir les Etats-Unis. Or, s’il ne faut retenir qu’une leçon de ces trois dernières années, c’est que la Corse n’est pas une économie isolée, insensible aux vents mauvais soufflant sur d’autres territoires ou continents. Dès fin 2008, l’île a souffert et le chômage a commencé à progresser. Bien évidemment, si on considère qu’être épargné implique de voir 3 300 personnes de plus rejoindre les rangs de Pôle emploi en l’espace de près de 2 ans (chômeurs de catégories A, B et C) ou le nombre d’allocataires du RSA dépasser 7 000 personnes, alors effectivement il n’y aura pas de soucis...
D’autre part, la reprise paraît très fragile et elle n’est pas de nature à corriger les déséquilibres importants formés sur ces dernières années. En effet, l’économie corse reste fragile car elle repose actuellement sur une injection massive de crédits. Nous avons déjà souligné qu’il était faux de penser que les banques ne jouaient pas le jeu en termes de prêts. Le gel du crédit fut réel en Corse durant les années 90 mais actuellement c’est tout le contraire. Les ménages s’endettent massivement pour se loger (+12,1 % sur un an, plus forte progression nationale) et les entreprises pour investir (+9 %). Ainsi, l’encours de crédit progresse mi-2010 de près de 10 % sur un an, soit un montant de crédits supplémentaire atteignant 400 millions € entre juin 2009 et juin 2010. Ceci représente une injection dans l’économie équivalente à environ 5 % du PIB de la Corse. Dans ce contexte il aurait été difficile de ne pas avoir de croissance. Or, la trop forte dépendance au crédit peu avoir des conséquences dramatiques quand le flot se tarit. Et il finira par se tarir (là encore l’histoire récente fournit de bonnes illustrations).
Les déséquilibres sont eux aussi importants. Le chômage de longue durée a atteint la barre des 3 000 personnes en août dernier, en hausse de 25 % sur un an. Les allocataires du RSA représentent 4 % de la population en âge de travailler. Il va donc falloir une croissance soutenue pour permettre à la Corse de créer suffisamment d’emplois dans le privé pour absorber une telle masse. Même en étant optimiste, revenir à la situation de début 2008 prendra au moins 3 ans.
Reste un dernier problème à résoudre, celui du modèle de croissance, en place depuis plus d’une décennie et qui pour le coup n’a pas dévié d’un iota durant la crise. Trop peu diversifié et trop dépendant du couple tourisme/construction, il n’apporte pas de réponses aux grandes problématiques économiques et sociales de l’île. Ainsi, le raffermissement de la reprise est une bonne nouvelle à court terme. En revanche, perpétuer le même schéma de croissance économique n’est sans doute pas la meilleure chose à faire si l’on regarde à plus long terme.
Article publié au mois d’octobre 2010 dans le magazine Corsica.
Ainsi, après une très mauvaise année 2009, on a vu les dépenses de consommation dans les grandes enseignes de l’île repartirent à la hausse dès le début de l’année. Ce n’est pas neutre, car le secteur de la distribution est un grand pourvoyeur d’emploi. De même, les mises en chantier se reprennent depuis la fin du printemps, là encore après 2 années calamiteuses. A ces deux éléments vient se rajouter une saison touristique qui en termes de flux semble plutôt correcte, même si l’impact économique paraît lui plus limité. En somme, les grands moteurs économiques de l’île ont repris le chemin de la croissance, poussive mais réelle.
Ceci s’est traduit par des créations d’emploi dans le secteur privé, bien plus vite que l’on ne pouvait l’anticiper il y a quelques mois. Ainsi, sur l’ensemble du premier semestre 2010, l’emploi salarié dans le secteur privé en Corse a progressé de 1,7 % par rapport à fin 2009, soit un retour au dynamisme d’avant-crise. Le taux de chômage a lui reculé à 9 % de la population active, premier mouvement de recul depuis mi-2008.
Globalement, les signes de reprise sont convaincants. Cela ne veut pas dire que tous les problèmes soient effacés, ni que les perspectives soient complètement dégagées. D’une part, parce que l’économie mondiale rentre dans une phase de fort ralentissement économique, avec même des craintes de retour à la récession pour la principale économie mondiale, à savoir les Etats-Unis. Or, s’il ne faut retenir qu’une leçon de ces trois dernières années, c’est que la Corse n’est pas une économie isolée, insensible aux vents mauvais soufflant sur d’autres territoires ou continents. Dès fin 2008, l’île a souffert et le chômage a commencé à progresser. Bien évidemment, si on considère qu’être épargné implique de voir 3 300 personnes de plus rejoindre les rangs de Pôle emploi en l’espace de près de 2 ans (chômeurs de catégories A, B et C) ou le nombre d’allocataires du RSA dépasser 7 000 personnes, alors effectivement il n’y aura pas de soucis...
D’autre part, la reprise paraît très fragile et elle n’est pas de nature à corriger les déséquilibres importants formés sur ces dernières années. En effet, l’économie corse reste fragile car elle repose actuellement sur une injection massive de crédits. Nous avons déjà souligné qu’il était faux de penser que les banques ne jouaient pas le jeu en termes de prêts. Le gel du crédit fut réel en Corse durant les années 90 mais actuellement c’est tout le contraire. Les ménages s’endettent massivement pour se loger (+12,1 % sur un an, plus forte progression nationale) et les entreprises pour investir (+9 %). Ainsi, l’encours de crédit progresse mi-2010 de près de 10 % sur un an, soit un montant de crédits supplémentaire atteignant 400 millions € entre juin 2009 et juin 2010. Ceci représente une injection dans l’économie équivalente à environ 5 % du PIB de la Corse. Dans ce contexte il aurait été difficile de ne pas avoir de croissance. Or, la trop forte dépendance au crédit peu avoir des conséquences dramatiques quand le flot se tarit. Et il finira par se tarir (là encore l’histoire récente fournit de bonnes illustrations).
Les déséquilibres sont eux aussi importants. Le chômage de longue durée a atteint la barre des 3 000 personnes en août dernier, en hausse de 25 % sur un an. Les allocataires du RSA représentent 4 % de la population en âge de travailler. Il va donc falloir une croissance soutenue pour permettre à la Corse de créer suffisamment d’emplois dans le privé pour absorber une telle masse. Même en étant optimiste, revenir à la situation de début 2008 prendra au moins 3 ans.
Reste un dernier problème à résoudre, celui du modèle de croissance, en place depuis plus d’une décennie et qui pour le coup n’a pas dévié d’un iota durant la crise. Trop peu diversifié et trop dépendant du couple tourisme/construction, il n’apporte pas de réponses aux grandes problématiques économiques et sociales de l’île. Ainsi, le raffermissement de la reprise est une bonne nouvelle à court terme. En revanche, perpétuer le même schéma de croissance économique n’est sans doute pas la meilleure chose à faire si l’on regarde à plus long terme.
Article publié au mois d’octobre 2010 dans le magazine Corsica.