Le taux de chômage suivant les territoires en Corse




Entre les différentes micro-régions de l’île, les écarts sont importants concernant le taux de chômage

Sans revenir sur ce que nous avons déjà dit sur le taux de chômage au 3e trimestre (rappel : 8,3 %), il semble intéressant de se pencher sur les micro-régions de l’île. En effet, les 7 zones d’emploi en Corse sont assez cloisonnées. Ceci se traduit par des évolutions très différentes des principales variables sur le marché du travail.

Ainsi, au 3e trimestre 2009, le taux de chômage varie en Corse de 5,8 % de la population active dans la zone de Corte à 10,4 % sur celle da Calvi/Île-Rousse. Les deux gros pôles de l’île sont toutefois assez proches, avec respectivement 7,9 % et 8,2 % pour les zones d’Ajaccio et de Bastia.

Sur la période récente, la remontée du chômage a frappé aussi de façon différentiée suivant les territoires. Ainsi, partout dans l’île le taux de chômage a commencé à remonter à partir du milieu de 2008. Toutefois, cette dernière a été particulièrement rapide pour la région de Porto-Vecchio (+1,9 point de % 1 an). Calvi/Île-Rousse et Sartène/Propriano connaissent aussi des moments difficiles, avec +1,2 point de % en 1 an. A l’autre bout du spectre se trouve Corte (+0,3 point de %), qui a donc le record du taux le plus bas et de la plus faible augmentation. Au milieu se trouvent les autres zones, avec des hausses sur un an entre +0,6 et +0,9 point de %.

Ainsi, même si le taux de chômage de la Corse s’est bien comporté par rapport au niveau national, ceci mérite d’être affiné. Car, trois zones d’emplois de l’île connaissent des évolutions nettement plus dégradées.


Pourquoi un si grande différence ?

L’écart entre le centre de la Corse et les zones Balagne ou Extrème-Sud a plusieurs explications. Premièrement, le taux d’activité. Il est nettement plus faible dans le centre de l’île. En fait, toute une partie de la population en âge de travailler n’est pas « active », c'est-à-dire avec un emploi ou en recherche d’un emploi. L’exclusion d’une part importante de la population du marché du travail (notamment les femmes) provoque un déficit de main d’œuvre. Deuxièmement, les zones d’emploi rural ont tendance à se vider de leurs chômeurs. Ces derniers se dirigent vers les zones d’emploi plus grandes pour y trouver leur bonheur. A l’inverse, nombreux sont ceux qui dans le rural travaillent sur une autre zone d’emploi. Ceci fait mécaniquement baisser le taux de chômage.

Troisièmement, l’impact de la crise de la construction de logements, bien que n’ayant pas eu d’effet très fort sur l’emploi au niveau régional, a vraisemblablement eu un effet plus marqué sur la Balagne et l’Extrème-Sud. Dans les deux cas, l’importance de la construction de résidences secondaires a probablement pesé. On notera que la bonne saison touristique n’a pas participé à inverser la tendance.

La revanche du rural ?

Les tendances observées depuis début 2009 ne devraient pas connaître d’inflexion à court terme. Le taux de chômage devrait continuer à progresser au moins jusqu’au printemps, avec les mêmes différences de vitesses. Au delà, dans notre scénario, une reprise modérée de l’activité économique, notamment dans la construction, devrait permettre aux zones actuellement à la peine de voir leur situation s’améliorer. Plus particulièrement, une baisse du taux de chômage d’ici à fin 2010 n’est pas à exclure en Balagne et dans l’Extrème-Sud, alors qu’elle est peut vraisemblable ailleurs.

Mardi 19 Janvier 2010
Guillaume Guidoni