Les faillites d’entreprises, l’Insee et Coface divergent en apparence




Les cessations de paiement stables selon l’Insee

Les dernières statistiques officielles concernant les ouvertures de procédure de redressement judiciaire (défaillances d’entreprises) montrent que celles-ci sont restées sur de haut niveau en Corse début 2009, mais on ne retrouve plus la forte hausse observée tout au long de 2008. En effet, entre janvier et avril, on a compté 108 procédures ouvertes, contre 105 sur la même période de 2008, soit une hausse modeste de 3 %.

En données cumulées sur 12 mois (cf. graphique), après avoir été très soutenue en 2008 (+40 % sur un an au mois de juillet 2008), la hausse n’est plus que de 4 % sur un an, avec 288 défaillances enregistrées entre mai 2008 et avril 2009. Toujours en cumul sur 12 mois, on compte 137 défaillances en Haute-Corse (+3,8 %) et 151 en Corse-du-Sud (+4,1 %).


Les secteurs les plus touchés sont la construction (96 défauts, soit 33 % du total), les commerces (55, soit 19 %), l’hébergement (44, soit 15 %) et les services aux entreprises (33, soit 11 %). Ces résultats, pour la construction et les activités liées à la consommation (y compris touristiques) ne sont pas une surprise avec la crise. Les défauts des services aux entreprises montrent que la faiblesse se propage au sein du tissu économique corse.

Pourquoi une telle divergence avec le dernier rapport de la Coface ?

Par rapport au niveau national, La Corse évolue moins défavorablement, selon les données de l’Insee. En effet, la hausse atteint +15,5 % sur un an en avril (cumul sur 12 mois) au niveau national, contre +4 % en Corse. De plus, pour 13 régions sur 26 (DOM inclus) la hausse dépasse 20 %, voire 30 % pour la Basse Normandie, les Pays de Loire (+30 % pour les deux) et le Limousin (+37 %).

Or, le dernier rapport de la Coface est nettement plus négatif. La Corse fait partie du top 5 des régions les plus touchées par les défaillances.


En fait, l’écart entre les deux sources s’explique principalement par le décalage dans le temps entre Insee et Coface. En effet, les données de la Coface vont jusqu’au mois d’août, alors que celle de l’Insee s’arrêtent au mois d’avril. Ainsi, il est vraisemblable que les données de l’Insee feront ressortir une nouvelle hausse des défaillances à partir du printemps. Sur le graphique ci-contre, nous avons prolongé la série de l’Insee avec les données mensuelles de la Coface pour mai et juin, pour le niveau régional. Il en ressort bien un fort décollage des défaillances.

Au final, le printemps a vraisemblablement été chaud

Tout ceci indique que le printemps a été très probablement destructeur pour les secteurs déjà très touchés, notamment la construction. La conjonction d’un repli de l’activité économique (nette pour la construction) avec des banques plus frileuses constitue un cocktail ravageur pour les PME les plus fragiles.

Jeudi 1 Octobre 2009
Guillaume Guidoni