Mesure alternative de développement économique pour la Corse


En utilisant l’indicateur de développement humain, la Corse n'est pas trop mal classée. Mais pas de quoi pavoiser.



Une mesure alternative du niveau de développement pour la Corse

Récemment, il a beaucoup été question de mesure alternative au PIB pour mesurer le niveau de développement économique et plus largement humain. Le rapport de la Commission Stiglitz a présenté quelques pistes pour tenter de « dépasser » le PIB.

En fait, ce sujet a déjà été l’objet de réflexions au niveau international. L’ONU a notamment développé un indicateur propre – indicateur de développement humain ou IDH – qui vise à ne pas tenir compte uniquement de la richesse économique pour savoir si un pays va bien ou pas.

L’idée est de tenir compte du PIB par habitant et d’y apporter aussi une dimension « santé » (espérance de vie) et une dimension « éducative » (taux de scolarisation et taux d’alphabétisme). Pour plus de détail sur l’indicateur, vous pouvez aller sur ce lien. Plus l’indice est proche de 1 plus le pays est performant. Avec les données 2007, l’indice allait de 0,340 (Niger) à 0,971 (Norvège). Il s’agit d’un indice qui varie très lentement dans le temps sauf (dans un sens ou dans l’autre) pour les pays très mal classés.

Pour la Corse, l’indice IDH corse ressort 0,945 (principalement avec des données 2006), soit à la 23e position mondiale, derrière l’Allemagne et devant Singapour. La France est classée 8e.

Un classement qui est bon sans être excellent

Ce niveau classe la Corse sans ambiguïté parmi les pays développés, même si elle n’est pas vraiment la meilleure de sa classe. Comparée à la moyenne nationale, la Corse est au-dessus en termes d’espérance de vie (81,1 ans contre 80,4 en France), sur le même plan pour le taux d’alphabétisme mais en dessous pour le taux de scolarisation (92,3 % contre 95,4 % au primaire) et – bien sûr – pour le PIB par tête (plus faible de 17 %).

Un indicateur à affiner

Toutefois, si l’exercice est amusant, il faut garder en tête que la bonne performance de la Corse est avant tout le reflet du système français de santé (même si l’espérance de vie est statistiquement plus élevée en Méditerranée) et d’éducation. Il s’agit donc en grande partie d’un résultat « importé ».

Néanmoins, il ne sera pas inintéressant d’en créer un plus adapté aux pays développés (l’IDH vise surtout à discriminer les pays émergents) mais aussi plus « autonome » pour comparer la Corse. Les questions à aborder pour les pays développés sont plutôt relatives au taux de scolarisation dans le secondaire et le supérieur, à la proportion de jeunes sans diplôme au moins équivalent au bac ou au BTS, au taux pauvreté et aux inégalités de revenus ou encore les questions environnementales (traitement des déchets, gestion de l’eau, bilan CO2) ou de santé (IVG, suicide, maladie chronique, accès aux soins). Il n’est pas sûr que l’île s’en tire avec brio sur tous les plans… En tout cas, une belle mission à confier aux organismes publics de statistiques.

Vendredi 2 Avril 2010
Guillaume Guidoni