Quelques réflexions sur le budget 2009 de la CTC




Le budget 2009 a été adopté la semaine dernière par la CTC. Ce document est accessible en ligne ici.

Quelques observations sur le document.

Ainsi, je trouve que les efforts en matière de transparence de la CTC sont remarquables. J’avais déjà parlé de cette problématique précédemment, mais je tiens à souligner à nouveau que l’accès à l’information sur Internet est d’une qualité bien supérieure à celles des autres régions, sans parler des départements de Haute-Corse et de Corse-du-Sud. La transparence, la crédibilité et la durée (capacité à s’engager sur de longues périodes) sont les conditions nécessaires à une bonne politique économique.

L’ensemble des éléments concernant la programmation budgétaire de la CTC est disponible pour 2009, avec un niveau de détails maximals, puisque toutes les dépenses sont justifiées. On dispose aussi des montants programmés (autorisation de paiement - AP) et des montants qui devraient être effectivement dépensés (CP – crédit de paiement). Les budgets des offices/agences sont aussi précisés (page 18). Difficile de faire mieux question transparence.

Difficile, mais pas impossible. En effet, il serait souhaitable que l’on puisse accéder facilement aux budgets primitifs précédents (budget prévisionnel), mais aussi aux comptes administratifs (budget effectivement mis en œuvre) qui correspondent. Ce, dans un format type Excel, qui permette de retracer précisément les dépenses et recettes par poste. De plus, une identification claire des dépenses liées aux dépenses contractualisées (avec l’État, le Pei et l’Europe) et, surtout, un historique long apporteraient encore un supplément d’informations.

Concernant, le budget 2009, on note une progression à la fois dans les dépenses d’investissement (attention toutefois, ces dépenses recoupent des choses qui vont bien au-delà de la dépense en BTP), +10,7 % à 316,8 millions d’euro (M€), et des dépenses de fonctionnement, +6,3 % à 415,5 M€. Concernant la relance, on note que le volet « relance » de ce budget est précisé (page 12). Encore une fois, bravo pour cet effort de clarté. 30 M€ sont programmés (AP et non CP) pour des dépenses d’infrastructure de transport.

En termes d’argent effectivement dépensé dans les projets d’infrastructures, les crédits passent de 108,3 M€ en 2008 à 118 M€ en 2009 (+8,9 % contre +10,7 % annoncés en programmation, ça reste conséquent). Par manque de temps, il m’est difficile de préciser d’aggréger toutes les dépenses en BTP. En effet, il faut rajouter des éléments inscrits dans les fonctions « spatiales », « sociales » et « autres ». D’où l’intérêt d’un fichier Excel. Mais en considérant le totale des CP inscrits, les sommes effectivement dépensées en investissement devraient progresser autour sur un rythme de +10 %, à 316,8 M€ (contre 317,8 M€ d’AP).

On a donc un supplément d’investissement d’environ 30 M€ par rapport à 2008 (estimation corse-economie, je précise), soit environ 0,4 % du PIB. Compte tenu du fait que ces sommes incluent les 20 M€ supplémentaires de l’État pour le PEI plus la part de la CTC, on a donc (cf. article dans Corsica de ce mois-ci), un plan de relance total qui dépasse à peine les 1 % du PIB en Corse. Cela reste bien trop peu (cf
note d'hier sur le taux de chômage). Toutefois, les autres collectivités font aussi des efforts, qu’il faudrait prendre en compte. Une suggestion donc : pourquoi ne pas faire une réunion région+départements+grandes agglomérations pour détailler les différentes dépenses de relance ? Ça aurait du sens.

Enfin dernier point, qui ne concerne pas le budget. La CTC a lancé un magazine d’information. Celui-ci coûte 200 400 euros à produire, imprimer et distribuer (source : CTC). Une bonne partie de cette somme va à la Poste et à une entreprise d’imprimerie. Je ne conteste pas la nécessité de bien informer les citoyens. Ce document sert évidemment la majorité, mais on ne peut pas plaider pour la transparence et la communication et contester les initiatives prises en ce sens. Toutefois, on assiste de la part de la région et des départements à une surenchère de publicités et autres communications. Dans le cas des départements, les publicités ont clairement pour objectif de justifier leur existence, avec des arguments parfois cocasses. Ainsi, on explique que certaines politiques servent l’ensemble de la Corse, pas uniquement le département. Mais alors pourquoi ne pas les conduire directement au niveau régional ? La pauvreté est-elle fondamentalement différente entre Nord et Sud ? De même, les problématiques de santé sont-elles si différentes ?

Pour conclure, une dernière question : comme on peut consacrer 2 000 000 euros par an pour la communication (page 316 du budget), pourquoi ne pas allouer 500 000 euros à la construction d’un meilleur système statistique ? Mieux comprendre l’économie corse mériterait au moins un petit effort.

Mardi 17 Mars 2009
Guillaume Guidoni