Blocages sur le marché du travail
Le maintien d'une part importante des ménages corses dans une situation de précarité monétaire malgré la croissance s’explique soit par des contraintes d’inactivité, soit par l’âge, soit par la situation familiale (famille monoparentale). Sur les 2 dernières décennies, la progression de la population active s'est accompagnée d'une amélioration en termes de participation au marché du travail. Néanmoins, la Corse reste un territoire à faible participation à la fois comparée à la moyenne de France métropolitaine.
La Corse mobilise encore de façon décevante sa main d'œuvre (activité féminine, activité en fin de carrière professionnelle, territoires en retard, chômage de longue durée), autant de potentiels non exploités d'initiative et de croissance. Cette insertion insuffisante provoque des pertes de revenus pour les ménages et maintient une partie d’entre eux dans une situation de précarité sociale et monétaire. La Corse se distingue des autres régions de province par une distribution des revenus très différente selon qu’on parle des plus aisés ou des plus défavorisés.
Les ménages les moins aisés sont comparativement plus pauvres en Corse que sur le continent. Inversement, pour les 40 % des ménages plus riches, les revenus sont proches de ceux du continent. La redistribution réduit les inégalités de revenus au sein de la population, mais de façon plus réduite que sur le continent. Ainsi, une large part de la population corse a des revenus faibles voire très faibles. Pour les jeunes actifs, le retard de niveau de vie provoque plus durement des difficultés pour se loger ou s’insérer dans la société. Cette précarité se perpétue entre générations. Les inégalités de revenus et de patrimoine enferment une partie de la population de la Corse dans une sous-activité, voire une sous-participation à la vie sociale. Ce qui limite en retour le potentiel de croissance de l’économie corse.
L’importance des contrats saisonniers ou très courts (moins de 3 mois) s'est renforcée depuis le milieu des années 2000. Cela réduit la force de travail réellement active tout au long de l’année en Corse avec des répercutions sur la qualité de vie de ces travailleurs. A ceci s’ajoute un retard de salaires, principalement lié à sa structure de l’emploi (peu de cadres, industrie faible en dehors des IAA) et non à une politique salariale très différente entre les secteurs corses et ceux du continent, construction mise à part. La fragmentation de l’emploi et la part du temps partiel réduisent l’intérêt pour les jeunes, les personnes inactives ou les précaires – et plus particulièrement les femmes cheffes de famille monoparentale – de rentrer sur un marché du travail. Les rémunérations sont contraintes (nombre d’heures sur une année) et les coûts liés au travail souvent non pris en charge par les TPE (transport, garderie). L’instabilité dans l’emploi engendre des allers-retours entre période de travail et période de chômage. Ceci se conjugue à la structure sectorielle de l’emploi et se répercute ensuite dans la pauvreté des retraités, les cotisations basses engendrant des retraites faibles.
La mauvaise adéquation entre offres et demandes d’emploi freine aussi la pleine utilisation des ressources humaines de la Corse. Les questions de qualification, de mauvais appariement sur le marché du travail et de difficultés d’insertion sont exacerbées dans l’île.
La Corse mobilise encore de façon décevante sa main d'œuvre (activité féminine, activité en fin de carrière professionnelle, territoires en retard, chômage de longue durée), autant de potentiels non exploités d'initiative et de croissance. Cette insertion insuffisante provoque des pertes de revenus pour les ménages et maintient une partie d’entre eux dans une situation de précarité sociale et monétaire. La Corse se distingue des autres régions de province par une distribution des revenus très différente selon qu’on parle des plus aisés ou des plus défavorisés.
Les ménages les moins aisés sont comparativement plus pauvres en Corse que sur le continent. Inversement, pour les 40 % des ménages plus riches, les revenus sont proches de ceux du continent. La redistribution réduit les inégalités de revenus au sein de la population, mais de façon plus réduite que sur le continent. Ainsi, une large part de la population corse a des revenus faibles voire très faibles. Pour les jeunes actifs, le retard de niveau de vie provoque plus durement des difficultés pour se loger ou s’insérer dans la société. Cette précarité se perpétue entre générations. Les inégalités de revenus et de patrimoine enferment une partie de la population de la Corse dans une sous-activité, voire une sous-participation à la vie sociale. Ce qui limite en retour le potentiel de croissance de l’économie corse.
L’importance des contrats saisonniers ou très courts (moins de 3 mois) s'est renforcée depuis le milieu des années 2000. Cela réduit la force de travail réellement active tout au long de l’année en Corse avec des répercutions sur la qualité de vie de ces travailleurs. A ceci s’ajoute un retard de salaires, principalement lié à sa structure de l’emploi (peu de cadres, industrie faible en dehors des IAA) et non à une politique salariale très différente entre les secteurs corses et ceux du continent, construction mise à part. La fragmentation de l’emploi et la part du temps partiel réduisent l’intérêt pour les jeunes, les personnes inactives ou les précaires – et plus particulièrement les femmes cheffes de famille monoparentale – de rentrer sur un marché du travail. Les rémunérations sont contraintes (nombre d’heures sur une année) et les coûts liés au travail souvent non pris en charge par les TPE (transport, garderie). L’instabilité dans l’emploi engendre des allers-retours entre période de travail et période de chômage. Ceci se conjugue à la structure sectorielle de l’emploi et se répercute ensuite dans la pauvreté des retraités, les cotisations basses engendrant des retraites faibles.
La mauvaise adéquation entre offres et demandes d’emploi freine aussi la pleine utilisation des ressources humaines de la Corse. Les questions de qualification, de mauvais appariement sur le marché du travail et de difficultés d’insertion sont exacerbées dans l’île.
Blocages liés à la structure économique
L'insularité engendrent des surcoûts incontournables dans les domaines des ressources humaines, de la logistique, du foncier, de la formation ou de l’énergie. Ceci engendre une tendance à la concentration (entreprises dominantes bénéficiant des effets d’échelle), un décalage en termes de compétitivité-prix (surcoûts par rapport aux concurrents continentaux) et un décalage sur les prix à la consommation (via l'impact sur les marges). Propres à l’insularité et à l’éloignement avec les grands centres européens de production ou de consommation, ces surcoûts pèsent sur la compétitivité-prix corse à la fois sur le marché interne et sur les marchés extérieurs.
En parallèle, la Corse se distingue par son intégration très forte de son appareil commercial à des sociétés extérieures et à taille mondiale. Cette intégration provoque en retour une normalisation de la demande. L’essor du e-commerce accentue les observations précédentes à une échelle supérieure. Ceci laisse peu de place pour production locale sur des biens ou services de grande consommation. Il n’y a pas d’impératif particulier à susciter une offre locale.
De plus, le marché est marqué par une saisonnalité très forte de la demande interne (demande tourisme) mais aussi du cycle de production (surtout pour l'agriculture et l'agroalimentaire). Ces contraintes imposent à un producteur local de stocker hors saison ou de se surdimensionner pour suivre l’évolution saisonnière des volumes. Face à l'incontournable saisonnalité, les gains de productivité, fruits d’une vision à plus long terme, sont secondaires. Pour la plupart des structures, l’incitation à investir sur les ressources humaines est limitée.
L’effort d’innovation existe mais est vise surtout à réduire les coûts et améliorer l’organisation. Il est largement insuffisant dans l’innovation stratégique, tourné vers le développement de nouveaux produits et la conquête de nouveaux marchés. Les investissements sont réduits et les ressources humaines très limitées. Ceci réduit la capacité du tissu économique à s’adapter à des évolutions rapides et à en tirer profit.
Enfin, dans le cas du modèle économique corse, les risques de stagnation séculaire sont forts. L’absence de rupture en termes d’innovation se conjugue à une faible croissance démographique. Ces deux éléments provoquent une réduction de la demande et de l’investissement productif. La normalisation des processus de consommation et l’intégration aux marchés continentaux accentuent ce mouvement. Pour contrer ce risque, la dépense publique, surtout de l’investissement, est un levier important.
Les collectivités locales faisant l’essentiel de l’investissement public, les tensions de plus en plus visibles sur les finances locales sont des signaux inquiétants. Les politiques publiques, notamment environnementales vont demander de nouveaux investissements publics lourds dans les infrastructures de base, les infrastructures urbaines ou la formation. Ces politiques publiques seront coûteuses, réduisant les marges financières. La réduction des autonomies financière et fiscale, d'un côté, et les contractualisations "forcées" avec l’Etat et l’Europe amplifient la dégradation.
En parallèle, la Corse se distingue par son intégration très forte de son appareil commercial à des sociétés extérieures et à taille mondiale. Cette intégration provoque en retour une normalisation de la demande. L’essor du e-commerce accentue les observations précédentes à une échelle supérieure. Ceci laisse peu de place pour production locale sur des biens ou services de grande consommation. Il n’y a pas d’impératif particulier à susciter une offre locale.
De plus, le marché est marqué par une saisonnalité très forte de la demande interne (demande tourisme) mais aussi du cycle de production (surtout pour l'agriculture et l'agroalimentaire). Ces contraintes imposent à un producteur local de stocker hors saison ou de se surdimensionner pour suivre l’évolution saisonnière des volumes. Face à l'incontournable saisonnalité, les gains de productivité, fruits d’une vision à plus long terme, sont secondaires. Pour la plupart des structures, l’incitation à investir sur les ressources humaines est limitée.
L’effort d’innovation existe mais est vise surtout à réduire les coûts et améliorer l’organisation. Il est largement insuffisant dans l’innovation stratégique, tourné vers le développement de nouveaux produits et la conquête de nouveaux marchés. Les investissements sont réduits et les ressources humaines très limitées. Ceci réduit la capacité du tissu économique à s’adapter à des évolutions rapides et à en tirer profit.
Enfin, dans le cas du modèle économique corse, les risques de stagnation séculaire sont forts. L’absence de rupture en termes d’innovation se conjugue à une faible croissance démographique. Ces deux éléments provoquent une réduction de la demande et de l’investissement productif. La normalisation des processus de consommation et l’intégration aux marchés continentaux accentuent ce mouvement. Pour contrer ce risque, la dépense publique, surtout de l’investissement, est un levier important.
Les collectivités locales faisant l’essentiel de l’investissement public, les tensions de plus en plus visibles sur les finances locales sont des signaux inquiétants. Les politiques publiques, notamment environnementales vont demander de nouveaux investissements publics lourds dans les infrastructures de base, les infrastructures urbaines ou la formation. Ces politiques publiques seront coûteuses, réduisant les marges financières. La réduction des autonomies financière et fiscale, d'un côté, et les contractualisations "forcées" avec l’Etat et l’Europe amplifient la dégradation.
Blocages hors-prix pesant sur la compétitivité
La Corse se distingue au plan des régions françaises, et plus largement des autres territoires insulaires européens de taille proche, par la faiblesse de son tissu productif agricole et industriel. Si les autres régions ont vu leurs productions agricoles et industrielles s’affaiblir sur les dernières décennies (au moins en importance relative), toutes les îles européennes de taille similaire à la Corse, qu'elles soient des pays ou bien des régions ont des bases agricoles et industrielles bien supérieures à celle de l’île.
L’industrie maraîchère est présente dans toutes ces îles, indépendantes ou non. Une base industrielle axée sur les biens de consommation courante existe aussi. Les exemples de l’Islande ou de Malte, deux îles avec des petits marchés intérieurs (respectivement 350 000 et 450 000 habitants) et des fortes contraintes logistiques, montrent qu’un espace de production existe. Des unités industrielles de biens de consommation perdurent malgré l’amélioration des liens logistiques et malgré la présence des produits de grande consommation internationaux. Les entreprises industrielles locales servent même de fabricants sous licence pour des marques internationales. En général, l’industrie locale est positionnée sur les produits à faible prix et marge, pondéreux ou avec des conditions logistiques rendant peu rentables le transport à longue distance. On trouve des cimenteries, des usines de papier toilette ou de produits ménagers à Malte, en Islande, aux Baléares, en Sardaigne, aux Canaries ou à Chypre. Idem pour les régions d’outre-mer. Mais pas en Corse.
Comme noté précédemment, la Corse se distingue par son intégration très forte de son appareil commercial à des sociétés extérieures et à taille mondiale. L’exemple est évident dans l’univers de la grande distribution mais il s'étend largement aux principaux services ou aux franchises et enseignes fournissant l'essentiel des biens de consommation (ex. : habillement). Cette intégration a des implications fortes en termes d’offre commerciale. Les flux d’approvisionnement des magasins se font quasi-intégralement via les centrales ou les entrepôts centralisant les produits et les marques à une échelle nationales ou multi-régionales. Les politiques commerciales locales (offre, marketing, objectifs opérationnels, positionnement prix) sont donc en grande partie pilotées et encadrées au niveau national.
La courroie de transmission que forme le canal de la distribution entre demande finale et production n’a pas le même effet d’entraînement sur l’industrie en Corse et dans des territoires où les relations sont principalement locales. En Italie, le marché de la distribution est régionalisé, avec des habitudes alimentaires, voire culturelles, encore très diverses d’un territoire à l’autre. Les enseignes dominantes sont des coopératives très liées au monde agricole. Dans cet environnement, les produits locaux conservent des avantages comparatifs. En Corse, il n’y a pas d’impératif particulier à susciter une offre locale, les magasins se fournissant auprès de leur centrale d’achat, pour des prix normalisés et des volumes importants. La concurrence avec les importations n’est donc pas uniquement une question de compétitivité du prix final. Les agents économiques locaux ne sont pas parfaitement informés sur les différents aspects (qualité, expression des besoins, contraintes logistiques…).
La demande finale est largement servie par des établissements d’entreprises nationales qui développent des relations avec des fournisseurs sur une échelle qui dépasse la Corse. Sans que les sous-traitants locaux soient complètements absents, l’essentiel de la chaîne de valeur est hors de l’île. Reste le dernier maillon, la commercialisation ou l’exécution de prestations de services. Les sièges sociaux pour les grandes activités génératrices de valeur ajoutée sont sur le continent, les états-majors sont réduits à la gestion des activités de distribution ou de commercialisation à travers un réseau. Cette délocalisation de l'intention de produire participe à entretenir les blocages sur la structure économique et sur le marché du travail.
L’industrie maraîchère est présente dans toutes ces îles, indépendantes ou non. Une base industrielle axée sur les biens de consommation courante existe aussi. Les exemples de l’Islande ou de Malte, deux îles avec des petits marchés intérieurs (respectivement 350 000 et 450 000 habitants) et des fortes contraintes logistiques, montrent qu’un espace de production existe. Des unités industrielles de biens de consommation perdurent malgré l’amélioration des liens logistiques et malgré la présence des produits de grande consommation internationaux. Les entreprises industrielles locales servent même de fabricants sous licence pour des marques internationales. En général, l’industrie locale est positionnée sur les produits à faible prix et marge, pondéreux ou avec des conditions logistiques rendant peu rentables le transport à longue distance. On trouve des cimenteries, des usines de papier toilette ou de produits ménagers à Malte, en Islande, aux Baléares, en Sardaigne, aux Canaries ou à Chypre. Idem pour les régions d’outre-mer. Mais pas en Corse.
Comme noté précédemment, la Corse se distingue par son intégration très forte de son appareil commercial à des sociétés extérieures et à taille mondiale. L’exemple est évident dans l’univers de la grande distribution mais il s'étend largement aux principaux services ou aux franchises et enseignes fournissant l'essentiel des biens de consommation (ex. : habillement). Cette intégration a des implications fortes en termes d’offre commerciale. Les flux d’approvisionnement des magasins se font quasi-intégralement via les centrales ou les entrepôts centralisant les produits et les marques à une échelle nationales ou multi-régionales. Les politiques commerciales locales (offre, marketing, objectifs opérationnels, positionnement prix) sont donc en grande partie pilotées et encadrées au niveau national.
La courroie de transmission que forme le canal de la distribution entre demande finale et production n’a pas le même effet d’entraînement sur l’industrie en Corse et dans des territoires où les relations sont principalement locales. En Italie, le marché de la distribution est régionalisé, avec des habitudes alimentaires, voire culturelles, encore très diverses d’un territoire à l’autre. Les enseignes dominantes sont des coopératives très liées au monde agricole. Dans cet environnement, les produits locaux conservent des avantages comparatifs. En Corse, il n’y a pas d’impératif particulier à susciter une offre locale, les magasins se fournissant auprès de leur centrale d’achat, pour des prix normalisés et des volumes importants. La concurrence avec les importations n’est donc pas uniquement une question de compétitivité du prix final. Les agents économiques locaux ne sont pas parfaitement informés sur les différents aspects (qualité, expression des besoins, contraintes logistiques…).
La demande finale est largement servie par des établissements d’entreprises nationales qui développent des relations avec des fournisseurs sur une échelle qui dépasse la Corse. Sans que les sous-traitants locaux soient complètements absents, l’essentiel de la chaîne de valeur est hors de l’île. Reste le dernier maillon, la commercialisation ou l’exécution de prestations de services. Les sièges sociaux pour les grandes activités génératrices de valeur ajoutée sont sur le continent, les états-majors sont réduits à la gestion des activités de distribution ou de commercialisation à travers un réseau. Cette délocalisation de l'intention de produire participe à entretenir les blocages sur la structure économique et sur le marché du travail.